Afrique : les petits pas des associations de consommateurs
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Malgré la chaleur torride de la matinée, une foule de quelque deux cents personnes siffle et hurle à tue-tête dans la cour du ministère béninois des Mines, de l'énergie et de l'hydraulique. Conduites par une quinzaine de responsables d'associations de consommateurs et d'Ong, elles sont venues ce 25 février 2003, crier leur mécontentement face aux coupures intempestives d'eau et de courant. Arborant des banderoles, elles ont pris d'assaut l'avenue St Michel à Cotonou, conspuant aussi bien la Société béninoise d'électricité et d'eau (Sbee) que l'Office des postes et télécommunications (Opt) et les trois principaux opérateurs Gsm du pays (Libercom, Bénin-Cell, Télécel), accusés d'« augmenter anarchiquement les prix d'eau, d'électricité et de télécommunications ». « Héélouééé ! Opt ! Héélouééé ! Libercom !... », scandaient les manifestants exprimant ainsi en langue fon leur désarroi.
Romain Houéhou, président d'une de ces associations, ne cache pas sa joie : « Grâce à cette marche, les responsables des sociétés concernées ont renoué le dialogue avec nous. L'Opt, par exemple, a promis de réduire ses prix de télécommunications ». Pour lui, la marche « a permis au public de se rendre compte du dynamisme des consommateurs ». Une première dans ce pays où l'on est plus habitué à voir les syndicats battre le pavé.
- Présentes dans 46 pays d'Afrique
Selon les participants à l'atelier de formation des journalistes aux problèmes des consommateurs en Afrique organisé à la mi-mars dernier à Bamako (Mali), cette visibilité du mouvement consumériste n'est pas particulière au Bénin. « En 1991, l'Organisation internationale des consommateurs (Oic) comptait une vingtaine d'associations de dix pays africains. Fin 2002, elles sont passées à 120 et représentent 46 pays du continent », déclare Amadou Kanouté, directeur du bureau Afrique de l'Oic.
Salimata Coulibaly, présidente d'une association malienne, se rappelle encore la lutte que ses compatriotes et elle ont menée en 2001 pour faire interdire le bromate de potassium, un produit cancérigène, dans la fabrication du pain : « Les boulangers utilisent ce produit parce qu'il rend le pain plus gros, donc plus vendable, explique-t-elle. Par des campagnes d'information du public et des concertations avec les ministères du Commerce et de la santé, nous avons mis fin à son utilisation ».
Salif Mérico, son collègue du Sénégal, parle de la croisade des associations membres du Conseil national des consommateurs (Cnc), contre la hausse des prix des produits de première nécessité, en particulier le riz. Le Conseil s'est en effet rendu compte que les détaillants de riz ne répercutent pas au profit des consommateurs les baisses résultant des gains de change ou de l'évolution favorable des cours mondiaux. « En 2001, le Cnc a réussi à déterminer une fourchette de prix, comprise entre 175 et 300 Fcfa le kilogramme selon la qualité du riz, qu'il fait pratiquer dans certaines boutiques. Ce faisant, les gérants de ces points de vente attirent les consommateurs et obligent les autres commerçants détaillants à s'aligner sur ces prix », raconte Salif Mérico.
- Des tribunaux au secours des consommateurs
Au Zimbabwe, l'Association des consommateurs a mené dans les années 90 une campagne énergique pour faire adopter la loi sur la création de tribunaux pour litiges mineurs. Selon l'étude sur la « Protection du consommateur et qualité de la vie en Afrique », effectuée en 2002 dans 14 pays pour le compte du bureau Afrique de l'Oic, ces tribunaux, installés à Harare et Bulawayo, les deux plus grandes villes du Zimbabwe, « ont traité plus de 6000 cas dont la majorité a été résolue de façon équitable ». Des Zimbabwéens prennent même l'habitude de s'adresser à ces instances sans recourir à l'association. D'autres pays, comme les Seychelles et l'Ouganda, ont enregistré des avancées dans la protection des droits des consommateurs.
Toutefois, précise l'étude, on note en général en Afrique un « état de protection faible ou, au mieux, moyen », surtout « en ce qui concerne l'accès aux produits alimentaires de base, aux soins de santé primaires, à l'eau potable et à l'éducation de base ». Selon les responsables d'associations, cela tient au manque de moyens financiers, au faible engagement des populations pour la plupart analphabètes et au peu de considération des pouvoirs publics à l'égard du mouvement consumériste. « A cela s'ajoute le mauvais fonctionnement de ces associations, souvent créées de toutes pièces pour se faire de l'argent grâce aux financements obtenus des institutions internationales », confie un journaliste participant à l'atelier de Bamako.
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